Introduction
Des savoirs
Chapitre 1. Parole, langage, langue et discours en EPS
Yves Félix Montagne et Patrick Anderson
Langage, langue et parole : précisions sémantiques
Équivocité de la parole, énoncé et énonciation
Quand enseigner revient à circuler dans les discours
Quand parler en cours consiste à mobiliser différentes formes de parole
Quand la parole prend différentes teneurs
Quand le langage engage celui qui parle
Chapitre 2. La parole du professeur d’EPS
Isabelle Delhaye-Le Goaziou
Spécificités et usages de la parole dans l’enseignement de l’EPS
Structure et fonctions du langage
La parole au service d’un enseignement explicite
La parole du praticien maïeutique et écologique
Un cadre déontologique pour la parole du professeur d’EPS
Chapitre 3. La parole des élèves en EPS
Yves Félix Montagne
Parler en EPS ne va pas de soi
Quand parler c’est changer de langue et d’interlocuteur
Parler avec l’enseignant pour apprendre
Parler avec l’enseignant pour exister
Parler avec ses pairs pour apprendre
Parler avec ses pairs pour exister
Des pratiques
Chapitre 4. Paroles de coach : l’art de questionner et d’écouter
Franck Bellard
Culture et croyances : si on changeait de posture ?
Le briefing d’avant-match : un monologue par excellence
Communiquer pendant l’acte de performance : risques et bénéfices
Le debriefing après l’action : ni juge ni avocat
Quelques conseils pour (ne pas) conclure
Chapitre 5. Communiquer avec des élèves sourds en EPS
Yves Félix Montagne, Emma Lalia et Philippe Hodé
Une population hétérogène
Être vu de ses interlocuteurs, utiliser des codes gestuels et des supports visuels
Parler clairement
Une séquence d’arts du cirque avec des élèves sourds en inclusion
Chapitre 6. Professeur d’EPS : une « voix de gymnase »
Isabelle Jourdan
Est-ce que la voix vous parle ?
La présence vocale de l’enseignant : « habiter » sa voix
Mise en voix et techniques vocales pour acquérir une « voix de gymnase »
Les cordes vocales et les résonateurs
La création du climat sonore : vers une voix/voie professionnelle
Lexique
Pour en savoir plus
Index
La parole est la concrétisation du langage chez les êtres humains. Elle organise des sons (les mots) entre eux pour exprimer vers d’autres des émotions, des faits, des idées. Les mots sont structurés par des règles (grammaire) et forment une langue. Mais la parole est aussi ce qui représente symboliquement un sujet – ne dit-on pas « donner sa parole », « se faire le porte-parole » ? – et transforme le monde autour de lui.
En EPS et en sport, la parole prend forme dans ces deux acceptions. Pas de faire sans dire, pas de dire sans faire dans la discipline scolaire chargée de la transmission d’une culture physique et d’une éducation des corps.
En précisant « c’est quand on le dit qu’ça l’fait… enfin, faut parler pour qu’ils se bougent vraiment… », un professeur d’EPS révélait le lien fort entre les paroles (de l’enseignant) et les actions (des élèves). C’est parce qu’un enseignant parle que les élèves agissent, apprennent et se transforment. En effet, dans un gymnase comme sur un stade, sans le support symbolique des livres, des stylos, des chaises et des tables, c’est sa parole qui incarne l’école.
De plus, avant, pendant et après l’activité motrice, les élèves sont sommés de parler d’eux, de leurs pairs, de leurs réalisations, de leurs intentions, de leurs observations. On exige aussi d’eux qu’ils évoquent les émotions que leurs actions suscitent, les méthodes qu’elles exigent pour atteindre les résultats visés. Il semble en effet qu’ils progressent mieux parce qu’ils parlent entre eux de ce qu’ils apprennent. Le domaine 1 du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture (les langages pour penser et communiquer) demande ainsi que « tous les enseignements concourent à la maîtrise de la langue ». Et il est fréquent de constater que l’EPS a des ambitions langagières légitimes en vue d’amener les élèves à « parler bien ».
Mais que signifie ce « parler bien » ? Est-ce parler correctement ? sincèrement ? Est-ce parler des « bonnes choses » ? De quoi parlent les élèves quand ils échangent entre eux en EPS ? Est-ce le même type de discours qu’avec l’enseignant ? Et comment éviter « l’illusion descriptive »[1] consistant à penser que parce que l’on comprend soi-même ce que l’on dit l’autre le comprend aussi ?
[1] Austin (J.), Quand dire c’est faire, Paris, Le Seuil, 1962.